mardi, 11 avril 2006
Cpe : usage "naturel" d'internet et des blogs pour les jeunes
Il est difficile aujourd'hui de mesurer le niveau de l'impact d'internet, et des blogs en particulier, dans l'issue de la mobilisation qui a été fatale pour le Cpe. Evidemment, sans internet, en d'autres temps, d'autres luttes sociales ont été victorieuses et il serait aventureux d'affirmer que ce succès est à mettre à l'actif de la toile.
Au début du mouvement anti-Cpe, nous observions que beaucoup d'acteurs (pour ou contre le Cpe) avaient tiré enseignements du référendum sur la constitution européenne où comme le note Rosa Moussaoui dans le journal l'Humanité " Internet avait fonctionné comme un véritable miroir inversé des médias dominants, tous acquis à la cause du « oui ». Blogs, sites et forums avaient fleuri, offrant aux internautes un gigantesque espace de discussion démocratique ".
C'est sans doute ce qui explique pourquoi, dès le début du mouvement, les pro-Cpe (UMP, UNI, Premier ministre,..) ont cherché à investir la toile, à mettre en place des moyens institutionnels de mobilisation, d'explication, pour favoriser le prosélytisme pro-Cpe. Mais nous avions constaté très vite la force d'investissement et de réaction des anti-Cpe sur le net.
Aujourd'hui, nous pouvons tenter un début de constat :
- Les mobilisations anti-Cpe ont su réagir très rapidement sur la toile, en partie par la création visible de blogs dédiés, mais surtout par la multitude d'expressions personnelles sur des blogs existants. Le net s'est bien prêté au rôle de caisse de résonnance et d'amplificateur dans l'instantanéité (rappelons-nous par exemple ce qui s'est passé pendant le week-end lors de l'intervention de la police à la Sorbonne).
- La presse en ligne a joué un rôle important en donnant à lire, à voir et à entendre. Surtout, elle a ouvert ses "colonnes virtuelles" aux acteurs de ce mouvement par des possibilités de création de blogs, de publication de photographies, d'articles, de vidéos.
- De nombreux acteurs, étudiants essentiellement, ont joué la carte des médias, soit en se transformant en journaliste local dans l'université, soit en diffusant des reportages sur des actions elles-mêmes conçues pour être médiatisées.
- Le podcast (la balladodiffusion comme disent nos amis québécois) est la nouveauté technologique de ce mouvement. Il a été permis à grande échelle par les outils de publications mis à disposition sur les blogs et par les capacités des téléphones et appareils photo.
La toile : un billet TGV pour la lutte des 16-25 ans
Un des éléments fondamentalement différent d'il y a quelques années est la rapidité d'information partagée à égalité entre les camps. En effet, dans cette époque lointaine (1995...), la principale activité des acteurs d'une lutte était de "rétablir la vérité" sur les déclarations des puissants faites dans la presse écrite et surtout à la radio et à la télévision. Pour le Cpe, c'est l'inverse ! Le pouvoir a été très souvent pris de cours face à la rapidité de d'information, d'action, de réaction des acteurs anti-Cpe. Que le dernier week-end semblât long pour le gouvernement!
La question pendant la lutte n'était d'ailleurs plus de savoir ce qu'avait décidé telle ou telle assemblée générale (chacune avait son blog et transmettait aussi sur stopcpe.net, mais parfois même d'empêcher les décisions d'en sortir trop vite (certaines ont interdit téléphones et appareils photo!). Si l'information n'a pas fait la bataille, la bataille a en tous cas maîtrisé l'information à un haut niveau d'usage.
Ce qui est frappant, c'est la massification et la maturation de ces usages. Il ne s'agit plus d'un phénomène où quelques spécialistes s'approprient l'outil, son usage et prennent ainsi une longueur d'avance. C'est d'ailleurs probablement l'erreur des pro-Cpe que d'avoir cru prendre cette avance avec des moyens techniques et financiers (UNI, cyber militant UMP, et Google Adwords, générateurs de blogs, ...). La vision élitiste du web fonctionne de moins en moins.
Le net a été intégré au quotidien comme un des moyens "naturels" de ce mouvement social, avec l'immense majorité des jeunes capables de maîtriser les techniques essentielles en particulier des blogs. Skyblog a dû jouer un rôle particulier chez les lycéens. Cette plate-forme contient 4 463 000 blogs! Des milliers d'entre eux ont publié des papiers sur le Cpe, massivement pour exprimmer un rejet de cette mesure. Les autres plate-forme ont plus concerné les étudiants.
Cependant il faut aussi remarquer comme le fait Palpitt sur son blog l'apport inédit et rapide de spécialistes (non pas du web mais par exemple en droit) qui mettent à disposition de tous l'éclairage de leurs compétences.
Une des limites de l'exercice sur le net reste apparemment le peu de possibilités d'échanges sur les sujets plus complexes des propositions alternatives pour l'emploi des jeunes, en dehors des dossiers conséquents constitués par de grands quotidiens qui marquent encore (fort heureusement) de leur empreinte le débat démocratique.
Conclusion provisoire
Le net, outil de lutte "contre" ? C'est ce qu'affirmaient parfois les afficionados du Cpe. Ce sont d'ailleurs parfois les mêmes, sortant des grandes écoles, qui nous expliquent que la France forme trop d'étudiants et qu'il y a tant d'autres métiers intéressants sans faire d'études...
J'écrivai le 1er février " l'investissement militant et institutionnel tire les enseignements du rôle d'internet lors du référendum sur la constitution européenne." Aujourd'hui, je nuancerai mon propos en constatant que les institutions ont "cru tiré les enseignements", mais ne l'ont fait que pour partie. Les organisations syndicales et les partis ont développé un usage relativement classique et informationnel sur le Cpe. Les jeunes, de leur côté, ont dépassé à grande échelle le paradigme du "virtuel" de leurs espaces d'expression sur la toile. Quand une "manif" avec tambour et trompettes est podcastée pour lui donner plus de force avec les outils de vie au quotidien que sont le blog, le téléphone portable et le lecteur Mp3, le virtuel est bien concrêt. Le retrait du Cpe aussi.
Commentaires
Si internet a constitué un outil intéressant pour la circulation rapide de l’info., nous avons pu constater dans le département que ce sont surtout les initiatives et les rencontres qui ont été décisives. La création d’un collectif jeunes, la latitude qui leur a été laissée dans leur expression, a permis a de jeunes syndiqués de prendre des responsabilités, de connaître l’orga, et de faire des adhésions dans leurs entreprises et administrations. Un avis parmi d’autres.
(militante Cgt)
Écrit par : Jacqueline | mercredi, 19 avril 2006
La machine a vapeur, en d'autres temps a produit autre chose que de la rapidité en permettant aussi des transformations dans les rapports sociaux. Un barbu du nom de Marx s'en est aperçu ! Internet n'a pas permis que d'accélérer la circulation de l'information et l'article ne remet pas en cause le rôle des initiatives et des rencontres. Internet a aussi facilité "d'autres" initiatives, d'autres paroles, en particulier chez les jeunes. Moi je suis d'accord avec l'auteur de l'article, car nos AG ont elles-mêmes été marquées par le rôle d'internet, ce qui ne remet pas en cause leur fonction essentielle dans la démocratie et la lutte. C'est vrai que le site de la Cgt a surtout transmis de l'info classique.
Etudiant Paris VI
Écrit par : Pierre-Alexandre | mercredi, 19 avril 2006
Net politique évoque dans un article du 16 avril ce sujet : "Mercredi, Libé revenait sur l'utilisation du portable comme arme de mobilisation massive des anti-cpe. Philippe Deracourt propose également sur son blog une excellente analyse sur "la massification et la maturation de ces usages", tandis que Palpitt s'attache davantage à souligner dans ce billet "le rôle de médiateur joué par la blogosphère juridique française" durant le conflit. Outil de mobilisation syndicale d'un côté, outil d'information juridique de l'autre : décidemment que reste-t-il aux autres médias ?"
Écrit par : Netpolitique | mercredi, 19 avril 2006
Etudiante à rennes 2, j'ai moi-même créé un blog sur la mobilisation contre la loi d'égalité des chances mais pas uniquement.
The address:
viefiction.over-blog.com
Écrit par : Sisiliad | mardi, 25 avril 2006
A good way eh? Are you keeping up with my cogent consultant Wanna good joke? Why does Santa Claus go down the chimney on Christmas Eve?Because it SOOTS him!
Écrit par : EZWilliam | mardi, 11 novembre 2008
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Écrit par : ArgugAlagma | vendredi, 18 novembre 2011
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