Communication & action publiques

Ce web 2.0 appelé à la rescousse d’un monde en panne, mais qui heureusement va devenir (est devenu même pour certains) transparent, égalitaire une fois les questions d’accès au réseau résolues; un monde où chacun accède à la parole publique et à l’échange, un monde de communautés à un clic d’un monde en communauté.

Cette demande web 2.0  trouve aujourd’hui son expression dans l’entreprise, publique ou privée d’une façon inattendue. En effet, le réseau et le 2.0 ouvrent un nouveau champ à la plasticité et au rôle social des technologies numériques. La première caractéristique permet au utilisateurs de trouver leurs propres manières d’utiliser ces outils, pour la première fois avec une marge de liberté face aux carcans « informatiques », la seconde permet d’inventer de nouveaux liens et usages sociaux (par exemple le succès des agendas partagés, créateurs ou plutôt accélérateur

Pour autant, l’apport de technologies nouvelles au travail est perçu en part variables et mouvantes comme solution ET comme problème. Si la crainte du contrôle par la machine existe, le risque est bien plus grand d’un formatage social de l’agir social et professionnel, si la maîtrise des techniques n’est pas assurée en amont, en pensée individuelle et collective, en terme d’accompagnement des pratiques professionnelles.

Alors que de vraies recherches et réflexions se sont construites sur les technologies numériques au travail, il est nécessaire d’être attentif à certains discours de déconstruction de ce travail autour de la mythologie du Web 2.0. Pour l’avoir expérimenté de façon très pragmatique et concrète, je livre ici une anecdote : dans une équipe confrontée à une recherche d’espace de travail collaboratif « orienté web 2.0 », peu d’utilisateurs connaissaient le mode révision d’un document word.

Bien entendu, dire cela ne vise pas à enterrer les technologies nouvelle génération, mais plus à rechercher réellement le sens du travailler ensemble et les technologies à convoquer pour donner corps à cette volonté. En retour, la bonne connaissance de ces technologies nous permet d’imaginer de nouvelles façons de travailler ensemble.

A force de « personnaliser » son espace de vie, son espace de travail, attention cependant à ce que son propre monde soit encore vraiment connecté au monde des autres. J’ai parfois l’impression que certains thuriféraires de l’AJAX (la technologie phare de personnalisation des interfaces) nous poussent non à l’interconnexion, mais à « l’introconnexion ».

Ces digressions me poussent à porter un regard vers les sites publics et à mesurer l’écart entre le réel du réalisé/réalisable et le discours web 2.0. Ce sera l’objet d’autres échanges.